Le couperet est tombé ce jeudi lors d'un comité central d’entreprise, convoqué en urgence. Le groupe Südzucker (actionnaire unique) a annoncé la fermeture de deux usines en France, au printemps 2020 : celles d’Eppeville dans la Somme et de Cagny dans le Calvados.
Les salariés craignaient ce comité central d'entreprise. Surtout depuis l'annonce fin janvier de la fermeture de deux des neuf sucreries allemandes.
La raison de la fermeture de l'usine de Cagny
Le motif de la fermture ? Le groupe Südzucker (actionnaire unique de Saint Louis Sucre) a décidé de réduire de 700 000 tonnes sa production annuelle de sucre.
La filière betterave-sucre-éthanol en crise
Le contexte économique est sombre : la filière betterave-sucre-éthanol connaît une crise sans précédent
Depuis 2016, la production de sucre augmente de 25% à 30%, une politique menée par les groupes sucriers européens. Ce qui a entraîné une chute vertigineuse du prix du sucre et a mené les groupes sucriers dans l’impasse financière. Aujourd'hui, ils se retrouvent contraints à des réorganisations industrielles et des suppressions d'emplois.
Une usine créée en 1951 - Quel impact en Normandie ?
L'usine de Cagny fait partie du paysage normand depuis 1951. Elle avait été construite avec les dommages de guerre.- Elle produit 180 000 tonnes de sucre par an
- Elle emploie 85 salariés permanents auxquels s’ajoutent 70 saisonniers, de septembre à février.
- 500 emplois sont menacés sur le secteur, estime le syndicaliste Loïc Touzé.
- Quid des 1036 planteurs, qui approvisionnent la sucrerie ?
L'annonce de Loïc Touzé, syndicat FO de l'usine de Cagny, aux salariés ce jeudi après-midi
"Saint Louis applique la directive Sudzucker qui est une baisse de 700 000 tonnes de la production européenne . Comme en France on a produit 6 millions de tonnes et qu’il y a 3 millions de consommation, nous sommes ceux qui en avons trop produit. Donc Sudzucker ferme deux usines en Allemagne ça vous le saviez, pour 200 000 tonnes et en France comme on a plus produit que les autres on doit baisser de 450 000 tonnes, c’est-à-dire deux fois plus que les allemands. Et 450 000 tonnes ça fait deux usines. Eppeville et Cagny. Ensuite comme il faut rationaliser puisqu’on on a perdu 70 millions d’euros l’année dernière, le site de Marseille ferme et il restera plus que 5 emplois à Marseille. (...) Pour Cagny, la situation est beaucoup plus grave, il y aura un plan social comme pour Marseille, éventuellement des mutations sur des sites où il y a de la place mais c’est assez limité."
La fermeture de ces deux sites, Eppeville (Somme) et Cagny (Calvados) représente 36 000 ha de betteraves et 500 000 tonnes de sucre soit près de 10 % de la production française.
Dans un communiqué la confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) indique :
Cette décision unilatérale est un coup terrible pour 2500 planteurs de betteraves soit 50 % des agriculteurs de Saint-Louis Sucre issus de bassins de production compétitifs.
La CGB a d’ores et déjà planifié dans les prochains jours une rencontre entre le Président et les dirigeants de la filiale française du Groupe (Saint-Louis Sucre) pour envisager les différentes options.
Reportage Patrick Mertz et Carole Lefrançois